Et sans précaution aucune des conséquences ultérieures qui pourraient en découler, des personnes habitées par on ne sait quels sentiments, agitent et soulèvent ces temps derniers, avec une extrême légèreté, des questions aussi sensibles, que celles de la décentralisation et de l’aménagement du territoire.
Pour ce qui concerne la ville de Touba, il est vraiment examiné sous l’angle d’un point de vue irrationnel. Et si nous n’y prenons pas garde cela peut aboutir à une confusion totale, qui rendrait difficile, voire impossible, l’administration rationnelle et judicieuse d’une ville qui baigne dans le désordre et l’insécurité sociale.
Et si nous commençons par doter certaines villes d’un statut spécial les unes et les autres, nous risquons gravement de ne plus nous en sortir ; au-delà même des rivalités entre villes, à caractère religieux. Voilà pourquoi l’Etat doit savoir raison garder avant de prendre certaines décisions.
Me Wade a déjà installé notre pays dans une situation anarchique, durant ses 12 ans de règne. Ce qui fait que si un terme n’est mis pas à cette tendance, notre pays risque de devenir plus tard ingouvernable ou alors difficilement. En effet, Wade a créé trop de problèmes et de situations conflictuelles dans la décentralisation et l’aménagement du territoire.
En procédant par des découpages administratifs fantaisistes sur l’ensemble du territoire national, en des entités non viables qui, en fait, ne répondaient qu’à des raisons politiciennes et non économiques. Tout cela se faisait parfois pour plaire à des individus de son camp ou des marabouts qui ont comme lui, la boulimie des terres.
Parmi les graves erreurs que Wade a commises durant ses 12 ans de pouvoir, il y a particulièrement celle, d’avoir distribué illégalement les terres du Domaine national, propriété de L’Etat, donc un bien commun à toute la Nation, à qui il voulait et foncièrement, en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur.
Et, en prenant délibérément l’initiative de se servir lui-même comme son bien propre, il servait dans le même temps sa famille, les grands marabouts, ses amis personnels et autres collaborateurs, au détriment des vrais ayant-droits utilisateurs, les populations concernées. Nous espérons que l’actuel régime, mettra le plus tôt possible fin, à ce désordre foncier, synonyme d’anarchie et de partage de butin. Il devra nécessairement, rectifier tous les torts et toutes les fautes, commises par Wade, surtout dans le domaine foncier, avec une injustice inqualifiable.
Les problèmes structurels très sérieux de Touba, ne résident et ne sont point liés, à un statut spécial quelconque. Le problème de Touba est celui de toutes les agglomérations du Sénégal. Il s’inscrit dans un cadre global qui concerne l’ensemble des régions pour ne pas dire des villes du territoire national. Il s’agit véritablement, d’une question structurelle de développement rationnel en matière d’infrastructures adéquates, nécessaires à toutes les villes, en relation avec les progrès techniques et technologiques de l’heure, en matière d’urbanisme. Dans ce domaine, le Sénégal est vraiment en retard et devrait rapidement se mettre au diapason pour combler le gap dans tout le pays.
La croissance démographique galopante, l’urbanisation anarchique et non maîtrisée qui n’obéit à aucun plan directeur sérieusement élaboré, sont des problèmes réels et spécifiques à Touba, plus que partout ailleurs. Un document tel que le plan directeur d’une ville, cela va sans dire, est absolument indispensable pour bâtir même une petite ville, à plus forte raison, une comme Touba. Tout cela vient s’ajouter aux nombreux autres obstacles majeurs de tous ordres, que les autorités étatiques comme celles de Touba occultent ou en tout cas n’en tiennent pas compte.
Elles feignent de voir et évitent de s’attaquer aux difficultés réelles et récurrentes qui crèvent les yeux, comme les infrastructures routières, le transport urbain, l’eau et l’électricité, l’école publique pour tous les enfants en âge scolaire, etc. Il s’y ajoute que, la ville de Touba s’agrandit de toute part par une juxtaposition d’habitations modernes mais aussi de fortune sans parfois de permis de construire légal, à la place de cités modernes avec toutes les installations et servitudes nécessaires pour les populations.
Toutes ces habitations devraient être viabilisées selon les normes universelles d’urbanisme pour être conformes aux caractéristiques de ville moderne. Touba n’est devenu que par la force des choses et le nombre important de sa population, la 2e ville du Sénégal. C’est insuffisant !
Touba est né village et s’agrandit géographiquement de façon spontanée dans quasiment une absence totale d’assainissement et de viabilisation indispensables pour toutes les villes modernes du monde. Ces problèmes que nous constatons à Touba, sont les mêmes que nous observons presque dans toutes les villes du Sénégal.
Et c’est bien la faute de l’Etat central, qui ne procède pas par méthode sur la base des normes universelles admises aujourd’hui, pour bâtir et aménager des villes modernes. C’est pourquoi, c’est une grave erreur de se fonder sur le seul critère ou paramètre de population, pour apprécier la notion de grande ville. C’est voire, de l’irresponsabilité que d’embarquer le pays dans une telle voie sinueuse et qui ne nous mènera que vers une bidonvilisation catastrophique de Touba, si nous n’y prenons pas garde. Dans une telle situation, nous sommes bien loin d’être sur la bonne voie d’une ville moderne, dans le plein sens du terme.
Au regard de ce tâtonnement ou de l’informel à la wadienne, on peut affirmer en toute évidence qu’aucune étude préalable n’a été faite, tant au plan technique, social, culturel qu’économique. Il doit en être également de même, que les intérêts supérieurs bien compris des populations entières de Touba sans exclusive, n’ont pas été pris en compte, dans le cadre de ce statut spécial de Touba. Dans tout cela où se situe la création d’emplois pour toute cette population relativement jeune et moins jeune qui n’a aucune perspective d’emplois salariés, faute de source de création d’emplois tels que l’Etat et les entreprises.
En vérité, c’est une catégorie pour ne pas dire une poignée infime d’habitants de Touba, qui trouve seule leurs intérêts personnels dans cette aventure périlleuse d’un statut spécial. Elle tente effectivement, de convaincre l’Etat et la haute hiérarchie du mouridisme, qui sans aucun doute, n’est pas au fait des graves risques que ce projet pourrait engendrer. Les véritables habitants de conditions modestes de Touba, n’ont aucun intérêt dans un statut spécial de Touba, bien au contraire, ils risquent de perdre la solidarité des autres composantes du Sénégal. Ces gens-là, veulent faire croire aux autorités de Touba, que dans le cadre d’un statut spécial de la ville de Touba, tous ces problèmes structurels récurrents auxquels la ville est confrontée trouveraient immédiatement solutions. C’est un leurre, très grave.
Maître Wade, dans sa méthode de gestion approximative et informelle des affaires publiques, a déjà élargi les limites du Titre Foncier de Touba qui étaient de 400HA en 1930, qu’il a portées aujourd’hui à 1200HA, sans prendre au préalable, les mesures adéquates d’accompagnement dans tous les domaines. Wade a en effet créé plus d’inconvénients que d’avantages pour Touba, qui, de gros village est devenu une grande ville, mais sans être accompagnée d’une administration adéquate à la dimension de sa massification démographique et son agrandissement géographique, en vue de maîtriser tous ces méfaits inhérents à toutes les grandes villes du monde que sont notamment : le banditisme, la délinquance, la fraude, la drogue, la criminalité et tant d’autres excroissances négatives propres aux grandes agglomérations. Tout le monde sait maintenant, que c’est uniquement par démagogie que Wade a accordé certains avantages et privilèges à certains dignitaires de Touba, dans le but de bénéficier des faveurs de l’électorat mouride et non pour véritablement les intérêts des populations de Touba.
Pour faire face à tous ces épineux problèmes de Touba, il faudra absolument beaucoup de moyens matériels, humains et financiers avec une Administration compétente au fait de toutes ces questions qui ne sont qu’à la portée de la puissance, qui est l’Etat. Et naturellement, pour résoudre efficacement des problèmes d’une telle ampleur en vue de leur éradication, la conjugaison de la solidarité de toute la nation est indispensable. Faut-il le dire pour que nul n’en ignore ? Oui ! Tout ce qui a été réalisé et se réalise encore dans n’importe que coin du Sénégal, est la somme des efforts consentis par chaque citoyen sénégalais, que l’Etat est chargé de collecter et de centraliser, pour la construction du pays tout entier. C’est cela la vérité absolue que nous tous devrions savoir. Par conséquent, tout le monde devrait savoir que, Abdoulaye Wade n’a rien fait nulle part, par sa générosité, car les moyens qu’il a utilisés, sont ceux de nous tous. Autrement dit, Touba ou n’importe quelle autre ville du pays s’est construite, se construit et se construira demain par l’argent du contribuable.
Et si remerciements il y a, c’est à l’endroit de tous les citoyens et du peuple sénégalais que cela devrait aller. Jusqu’ici, c’est vrai, l’Etat du Sénégal n’est pas encore capable de remplir correctement cette charge primordiale de construction et reconstruction des localités sur l’ensemble du territoire national, à la satisfaction des populations. Il est illusoire alors, de penser un seul instant, que la ville de Touba, même avec un statut très spécial, pourrait faire face avec succès à lui tout seul, contre autant de manifestations hostiles et d’épreuves énormes. Pour étayer cela, il faut noter en toute bonne foi que l’essentiel de ce qui s’est fait à Touba vient jusqu’à présent du Budget national du Sénégal. Il n’est pas besoin de citer ici, toutes ces réalisations, parce que c’est connu.
Le Sénégal étant un et indivisible comme aiment le répéter parfois beaucoup de Sénégalais à savoir : que le Sénégal est une tête qu’on ne peut partager en deux. Ce qui est très exact, et traduit que nous constitutions en tant pays et nation, une seule entité avec des membres intimement liés les uns aux autres, donc inséparables logiquement. Ces liens ancestraux, nous condamnent à vivre immanquablement en communauté et par une solidarité agissante, malgré les quelques différences non antagoniques qui existent entre nous. Et c’est grâce à cette solidarité, qui consiste à capitaliser l’effort national de tous ou autrement dit toute la production nationale sous la direction de l’Etat central, qui le redistribue entre les habitants ou plus exactement, entre les diverses entités du pays. Il est évident quand même pour nous tous et nous devons en être conscients, qu’aucune entité du Sénégal, à elle seule, ne peut se suffire à elle seule, qu’elle que soit du reste ses ressources naturelles supposées, au point de vivre sans l’apport des autres.
Cela veut dire dans les normes, que notre patrimoine commun est la résultante du rassemblement de ce qui est pris de chacun de nous et de chaque entité qui compose notre pays. C’est cela qui doit être réparti à nouveau rationnellement selon les priorités déterminées et à partir d’une clé de répartition laissée aux soins des gouvernants exécutants.
On peut certes décrier, le mode de répartition si son caractère est jugé injuste ou disproportionné. Dans un tel cas de figure, ceci pourrait faire parfaitement l’objet de revendications justes et normales, dans le cas où certaines entités se sentiraient léser dans leurs ristournes, par rapport à leur part dans l’effort national. Justement, le combat qui vaut bien la peine d’être mené par nous tous, et par toutes les entités qui en éprouvent le besoin, est celui de se battre fermement pour arriver à une répartition plus équitable du patrimoine commun. Répartition qui tiendra réellement compte des facteurs objectifs les plus déterminants pour fixer la clé de répartition.
Est-ce que le statut spécial de Touba voudrait dire qu’il se détacherait alors totalement de l’entité nationale le Sénégal, à tout point de vue ? Dans ce cas de figure, comment Touba compterait-il s’y prendre ? Se prendrait-il en charge lui-même dans tous les domaines, au point de n’avoir plus besoin d’aucun appui venant du budget national ? Ceci équivaudrait à tout point de vue à une réclamation d’indépendance déguisée de pure forme. Ceux qui agitent cette idée mal venue, ont derrière eux, des raisons inavouables et constituent de façon certaine, une minorité au sein de la ville globalement. Par ailleurs, leurs visées sentent le parfum d’intérêts strictement personnels et divorcent totalement avec ceux supérieurs de la communauté nationale, dont les habitants de Touba en entier sont partie intégrante.
Dans l’esprit du fondateur du mouridisme, Khadimou Rassoul, Touba est un patrimoine commun à tous les Sénégalais et non aux seuls mourides ou habitants de Touba. Son esprit ouvert et très tolérant comme un fidèle musulman, faisait qu’il condamnait le sectarisme d’où qu’il venait et recommandait à chacun d’adorer Dieu seul, sans aucune contrainte selon sa conscience et ses convictions. Son vœu du rayonnement du mouridisme et de Touba a été exaucé, sans qu’il ait besoin de prendre les armes pour faire le Jihad. Ses disciples doivent respecter absolument sa mémoire. Le Cheikh, de sa vie, ne s’est jamais préoccupé de richesse et de luxe, il s’était détourné de tout ce qui n’était pas la religion et le Coran. Tel n’est pas le cas aujourd’hui quand nous assistons à la course de vitesse vers tout ce qu’il avait tourné le dos.
Par contre, au lieu de réclamer un statut spécial pour Touba, il faut que Touba soit ramené et demeure dans la République. Touba à l’instar de la Mecque doit faire la différence entre la gestion de la Grande Mosquée, du Grand Magal de Touba et de toutes les autres manifestations à caractère religieux, qui seraient entièrement sous l’autorité supérieure de la hiérarchie mouride –Le Khalif Général des mourides- et l’administration proprement dite de la collectivité locale Touba, qui est une circonscription administrative qui relève entièrement de l’Etat et des populations civiles elles-mêmes. Touba doit avoir tous les services compétents de l’Etat. Il doit être administré exactement comme toutes les autres villes du pays avec les démembrements de l’Etat. Il y va de la sécurité des populations et de l’assainissement de la ville contre certaines pratiques répréhensibles que l’autorité religieuse ne peut éradiquer fautes de moyens adéquats. Ce rôle important d’administration et de surveillance que l’Etat est en droit d’assumer, doit lui être laissé. Et cela ne gênerait en rien l’autorité religieuse, bien au contraire, en cas de besoin, elle pourrait s’appuyer sur l’autorité administrative centrale qui est outillée pour cela.
Les populations de Touba doivent être libres de se choisir librement et démocratiquement leurs représentants dans les différentes institutions, en dehors de toute influence de l’autorité religieuse. La politique doit avoir le droit de cité dans la ville de Touba administratif ou collectivité locale, pour permettre aux populations civiles de jouir pleinement de leur citoyenneté entière comme tous les autres Sénégalais.
Des anomalies graves de gestion ont été relevées durant le règne de Wade, elles doivent disparaitre totalement parce que, anachroniques, comme par exemple : Pourquoi les habitants de Touba ne paient pas l’eau comme tous les autres citoyens du pays ? Pourquoi est-il admis ou toléré que le parti au pouvoir à l’époque le PDS puisse mener des activités politiques à Touba et que les autres partis de l’opposition non? Pour être juste à l’égard de tous les Sénégalais, cette discrimination doit être levée pour se conformer à l’esprit républicain.
A l’avenir, il faudra que le Code électoral s’applique comme partout ailleurs à Touba tout entier, pour permettre à tout un chacun de participer librement au choix de nos dirigeants à tous les niveaux. Dans ce cas, l’autorité religieuse, le Khalif général des mouride en toute neutralité, laissera le soin à tous ceux qui le veulent, se présenter sans aucune immixtion à toutes les compétions. Son autorité demeure intacte pour tout ce qui concerne par exemple le périmètre de Touba Mosquée ou tout ce qui aurait un caractère religieux, comme du temps de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Mandiaye Gaye
Pour ce qui concerne la ville de Touba, il est vraiment examiné sous l’angle d’un point de vue irrationnel. Et si nous n’y prenons pas garde cela peut aboutir à une confusion totale, qui rendrait difficile, voire impossible, l’administration rationnelle et judicieuse d’une ville qui baigne dans le désordre et l’insécurité sociale.
Et si nous commençons par doter certaines villes d’un statut spécial les unes et les autres, nous risquons gravement de ne plus nous en sortir ; au-delà même des rivalités entre villes, à caractère religieux. Voilà pourquoi l’Etat doit savoir raison garder avant de prendre certaines décisions.
Me Wade a déjà installé notre pays dans une situation anarchique, durant ses 12 ans de règne. Ce qui fait que si un terme n’est mis pas à cette tendance, notre pays risque de devenir plus tard ingouvernable ou alors difficilement. En effet, Wade a créé trop de problèmes et de situations conflictuelles dans la décentralisation et l’aménagement du territoire.
En procédant par des découpages administratifs fantaisistes sur l’ensemble du territoire national, en des entités non viables qui, en fait, ne répondaient qu’à des raisons politiciennes et non économiques. Tout cela se faisait parfois pour plaire à des individus de son camp ou des marabouts qui ont comme lui, la boulimie des terres.
Parmi les graves erreurs que Wade a commises durant ses 12 ans de pouvoir, il y a particulièrement celle, d’avoir distribué illégalement les terres du Domaine national, propriété de L’Etat, donc un bien commun à toute la Nation, à qui il voulait et foncièrement, en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur.
Et, en prenant délibérément l’initiative de se servir lui-même comme son bien propre, il servait dans le même temps sa famille, les grands marabouts, ses amis personnels et autres collaborateurs, au détriment des vrais ayant-droits utilisateurs, les populations concernées. Nous espérons que l’actuel régime, mettra le plus tôt possible fin, à ce désordre foncier, synonyme d’anarchie et de partage de butin. Il devra nécessairement, rectifier tous les torts et toutes les fautes, commises par Wade, surtout dans le domaine foncier, avec une injustice inqualifiable.
Les problèmes structurels très sérieux de Touba, ne résident et ne sont point liés, à un statut spécial quelconque. Le problème de Touba est celui de toutes les agglomérations du Sénégal. Il s’inscrit dans un cadre global qui concerne l’ensemble des régions pour ne pas dire des villes du territoire national. Il s’agit véritablement, d’une question structurelle de développement rationnel en matière d’infrastructures adéquates, nécessaires à toutes les villes, en relation avec les progrès techniques et technologiques de l’heure, en matière d’urbanisme. Dans ce domaine, le Sénégal est vraiment en retard et devrait rapidement se mettre au diapason pour combler le gap dans tout le pays.
La croissance démographique galopante, l’urbanisation anarchique et non maîtrisée qui n’obéit à aucun plan directeur sérieusement élaboré, sont des problèmes réels et spécifiques à Touba, plus que partout ailleurs. Un document tel que le plan directeur d’une ville, cela va sans dire, est absolument indispensable pour bâtir même une petite ville, à plus forte raison, une comme Touba. Tout cela vient s’ajouter aux nombreux autres obstacles majeurs de tous ordres, que les autorités étatiques comme celles de Touba occultent ou en tout cas n’en tiennent pas compte.
Elles feignent de voir et évitent de s’attaquer aux difficultés réelles et récurrentes qui crèvent les yeux, comme les infrastructures routières, le transport urbain, l’eau et l’électricité, l’école publique pour tous les enfants en âge scolaire, etc. Il s’y ajoute que, la ville de Touba s’agrandit de toute part par une juxtaposition d’habitations modernes mais aussi de fortune sans parfois de permis de construire légal, à la place de cités modernes avec toutes les installations et servitudes nécessaires pour les populations.
Toutes ces habitations devraient être viabilisées selon les normes universelles d’urbanisme pour être conformes aux caractéristiques de ville moderne. Touba n’est devenu que par la force des choses et le nombre important de sa population, la 2e ville du Sénégal. C’est insuffisant !
Touba est né village et s’agrandit géographiquement de façon spontanée dans quasiment une absence totale d’assainissement et de viabilisation indispensables pour toutes les villes modernes du monde. Ces problèmes que nous constatons à Touba, sont les mêmes que nous observons presque dans toutes les villes du Sénégal.
Et c’est bien la faute de l’Etat central, qui ne procède pas par méthode sur la base des normes universelles admises aujourd’hui, pour bâtir et aménager des villes modernes. C’est pourquoi, c’est une grave erreur de se fonder sur le seul critère ou paramètre de population, pour apprécier la notion de grande ville. C’est voire, de l’irresponsabilité que d’embarquer le pays dans une telle voie sinueuse et qui ne nous mènera que vers une bidonvilisation catastrophique de Touba, si nous n’y prenons pas garde. Dans une telle situation, nous sommes bien loin d’être sur la bonne voie d’une ville moderne, dans le plein sens du terme.
Au regard de ce tâtonnement ou de l’informel à la wadienne, on peut affirmer en toute évidence qu’aucune étude préalable n’a été faite, tant au plan technique, social, culturel qu’économique. Il doit en être également de même, que les intérêts supérieurs bien compris des populations entières de Touba sans exclusive, n’ont pas été pris en compte, dans le cadre de ce statut spécial de Touba. Dans tout cela où se situe la création d’emplois pour toute cette population relativement jeune et moins jeune qui n’a aucune perspective d’emplois salariés, faute de source de création d’emplois tels que l’Etat et les entreprises.
En vérité, c’est une catégorie pour ne pas dire une poignée infime d’habitants de Touba, qui trouve seule leurs intérêts personnels dans cette aventure périlleuse d’un statut spécial. Elle tente effectivement, de convaincre l’Etat et la haute hiérarchie du mouridisme, qui sans aucun doute, n’est pas au fait des graves risques que ce projet pourrait engendrer. Les véritables habitants de conditions modestes de Touba, n’ont aucun intérêt dans un statut spécial de Touba, bien au contraire, ils risquent de perdre la solidarité des autres composantes du Sénégal. Ces gens-là, veulent faire croire aux autorités de Touba, que dans le cadre d’un statut spécial de la ville de Touba, tous ces problèmes structurels récurrents auxquels la ville est confrontée trouveraient immédiatement solutions. C’est un leurre, très grave.
Maître Wade, dans sa méthode de gestion approximative et informelle des affaires publiques, a déjà élargi les limites du Titre Foncier de Touba qui étaient de 400HA en 1930, qu’il a portées aujourd’hui à 1200HA, sans prendre au préalable, les mesures adéquates d’accompagnement dans tous les domaines. Wade a en effet créé plus d’inconvénients que d’avantages pour Touba, qui, de gros village est devenu une grande ville, mais sans être accompagnée d’une administration adéquate à la dimension de sa massification démographique et son agrandissement géographique, en vue de maîtriser tous ces méfaits inhérents à toutes les grandes villes du monde que sont notamment : le banditisme, la délinquance, la fraude, la drogue, la criminalité et tant d’autres excroissances négatives propres aux grandes agglomérations. Tout le monde sait maintenant, que c’est uniquement par démagogie que Wade a accordé certains avantages et privilèges à certains dignitaires de Touba, dans le but de bénéficier des faveurs de l’électorat mouride et non pour véritablement les intérêts des populations de Touba.
Pour faire face à tous ces épineux problèmes de Touba, il faudra absolument beaucoup de moyens matériels, humains et financiers avec une Administration compétente au fait de toutes ces questions qui ne sont qu’à la portée de la puissance, qui est l’Etat. Et naturellement, pour résoudre efficacement des problèmes d’une telle ampleur en vue de leur éradication, la conjugaison de la solidarité de toute la nation est indispensable. Faut-il le dire pour que nul n’en ignore ? Oui ! Tout ce qui a été réalisé et se réalise encore dans n’importe que coin du Sénégal, est la somme des efforts consentis par chaque citoyen sénégalais, que l’Etat est chargé de collecter et de centraliser, pour la construction du pays tout entier. C’est cela la vérité absolue que nous tous devrions savoir. Par conséquent, tout le monde devrait savoir que, Abdoulaye Wade n’a rien fait nulle part, par sa générosité, car les moyens qu’il a utilisés, sont ceux de nous tous. Autrement dit, Touba ou n’importe quelle autre ville du pays s’est construite, se construit et se construira demain par l’argent du contribuable.
Et si remerciements il y a, c’est à l’endroit de tous les citoyens et du peuple sénégalais que cela devrait aller. Jusqu’ici, c’est vrai, l’Etat du Sénégal n’est pas encore capable de remplir correctement cette charge primordiale de construction et reconstruction des localités sur l’ensemble du territoire national, à la satisfaction des populations. Il est illusoire alors, de penser un seul instant, que la ville de Touba, même avec un statut très spécial, pourrait faire face avec succès à lui tout seul, contre autant de manifestations hostiles et d’épreuves énormes. Pour étayer cela, il faut noter en toute bonne foi que l’essentiel de ce qui s’est fait à Touba vient jusqu’à présent du Budget national du Sénégal. Il n’est pas besoin de citer ici, toutes ces réalisations, parce que c’est connu.
Le Sénégal étant un et indivisible comme aiment le répéter parfois beaucoup de Sénégalais à savoir : que le Sénégal est une tête qu’on ne peut partager en deux. Ce qui est très exact, et traduit que nous constitutions en tant pays et nation, une seule entité avec des membres intimement liés les uns aux autres, donc inséparables logiquement. Ces liens ancestraux, nous condamnent à vivre immanquablement en communauté et par une solidarité agissante, malgré les quelques différences non antagoniques qui existent entre nous. Et c’est grâce à cette solidarité, qui consiste à capitaliser l’effort national de tous ou autrement dit toute la production nationale sous la direction de l’Etat central, qui le redistribue entre les habitants ou plus exactement, entre les diverses entités du pays. Il est évident quand même pour nous tous et nous devons en être conscients, qu’aucune entité du Sénégal, à elle seule, ne peut se suffire à elle seule, qu’elle que soit du reste ses ressources naturelles supposées, au point de vivre sans l’apport des autres.
Cela veut dire dans les normes, que notre patrimoine commun est la résultante du rassemblement de ce qui est pris de chacun de nous et de chaque entité qui compose notre pays. C’est cela qui doit être réparti à nouveau rationnellement selon les priorités déterminées et à partir d’une clé de répartition laissée aux soins des gouvernants exécutants.
On peut certes décrier, le mode de répartition si son caractère est jugé injuste ou disproportionné. Dans un tel cas de figure, ceci pourrait faire parfaitement l’objet de revendications justes et normales, dans le cas où certaines entités se sentiraient léser dans leurs ristournes, par rapport à leur part dans l’effort national. Justement, le combat qui vaut bien la peine d’être mené par nous tous, et par toutes les entités qui en éprouvent le besoin, est celui de se battre fermement pour arriver à une répartition plus équitable du patrimoine commun. Répartition qui tiendra réellement compte des facteurs objectifs les plus déterminants pour fixer la clé de répartition.
Est-ce que le statut spécial de Touba voudrait dire qu’il se détacherait alors totalement de l’entité nationale le Sénégal, à tout point de vue ? Dans ce cas de figure, comment Touba compterait-il s’y prendre ? Se prendrait-il en charge lui-même dans tous les domaines, au point de n’avoir plus besoin d’aucun appui venant du budget national ? Ceci équivaudrait à tout point de vue à une réclamation d’indépendance déguisée de pure forme. Ceux qui agitent cette idée mal venue, ont derrière eux, des raisons inavouables et constituent de façon certaine, une minorité au sein de la ville globalement. Par ailleurs, leurs visées sentent le parfum d’intérêts strictement personnels et divorcent totalement avec ceux supérieurs de la communauté nationale, dont les habitants de Touba en entier sont partie intégrante.
Dans l’esprit du fondateur du mouridisme, Khadimou Rassoul, Touba est un patrimoine commun à tous les Sénégalais et non aux seuls mourides ou habitants de Touba. Son esprit ouvert et très tolérant comme un fidèle musulman, faisait qu’il condamnait le sectarisme d’où qu’il venait et recommandait à chacun d’adorer Dieu seul, sans aucune contrainte selon sa conscience et ses convictions. Son vœu du rayonnement du mouridisme et de Touba a été exaucé, sans qu’il ait besoin de prendre les armes pour faire le Jihad. Ses disciples doivent respecter absolument sa mémoire. Le Cheikh, de sa vie, ne s’est jamais préoccupé de richesse et de luxe, il s’était détourné de tout ce qui n’était pas la religion et le Coran. Tel n’est pas le cas aujourd’hui quand nous assistons à la course de vitesse vers tout ce qu’il avait tourné le dos.
Par contre, au lieu de réclamer un statut spécial pour Touba, il faut que Touba soit ramené et demeure dans la République. Touba à l’instar de la Mecque doit faire la différence entre la gestion de la Grande Mosquée, du Grand Magal de Touba et de toutes les autres manifestations à caractère religieux, qui seraient entièrement sous l’autorité supérieure de la hiérarchie mouride –Le Khalif Général des mourides- et l’administration proprement dite de la collectivité locale Touba, qui est une circonscription administrative qui relève entièrement de l’Etat et des populations civiles elles-mêmes. Touba doit avoir tous les services compétents de l’Etat. Il doit être administré exactement comme toutes les autres villes du pays avec les démembrements de l’Etat. Il y va de la sécurité des populations et de l’assainissement de la ville contre certaines pratiques répréhensibles que l’autorité religieuse ne peut éradiquer fautes de moyens adéquats. Ce rôle important d’administration et de surveillance que l’Etat est en droit d’assumer, doit lui être laissé. Et cela ne gênerait en rien l’autorité religieuse, bien au contraire, en cas de besoin, elle pourrait s’appuyer sur l’autorité administrative centrale qui est outillée pour cela.
Les populations de Touba doivent être libres de se choisir librement et démocratiquement leurs représentants dans les différentes institutions, en dehors de toute influence de l’autorité religieuse. La politique doit avoir le droit de cité dans la ville de Touba administratif ou collectivité locale, pour permettre aux populations civiles de jouir pleinement de leur citoyenneté entière comme tous les autres Sénégalais.
Des anomalies graves de gestion ont été relevées durant le règne de Wade, elles doivent disparaitre totalement parce que, anachroniques, comme par exemple : Pourquoi les habitants de Touba ne paient pas l’eau comme tous les autres citoyens du pays ? Pourquoi est-il admis ou toléré que le parti au pouvoir à l’époque le PDS puisse mener des activités politiques à Touba et que les autres partis de l’opposition non? Pour être juste à l’égard de tous les Sénégalais, cette discrimination doit être levée pour se conformer à l’esprit républicain.
A l’avenir, il faudra que le Code électoral s’applique comme partout ailleurs à Touba tout entier, pour permettre à tout un chacun de participer librement au choix de nos dirigeants à tous les niveaux. Dans ce cas, l’autorité religieuse, le Khalif général des mouride en toute neutralité, laissera le soin à tous ceux qui le veulent, se présenter sans aucune immixtion à toutes les compétions. Son autorité demeure intacte pour tout ce qui concerne par exemple le périmètre de Touba Mosquée ou tout ce qui aurait un caractère religieux, comme du temps de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Mandiaye Gaye